On ne sait qui invita une douzaine de moines de Mazan à venir fonder une abbaye sur les terres de Tourtour, mais ils vinrent, et l'acte de naissance officiel porte la date du 14 avril 1136. Floriège, ou Floriye, ou Florielle est un petit cours d'eau, parfois très encaissé, qui se jette dans l'Argens. Mireille Maurel, historienne de la chartreuse de la Verne, dans un article consacré à Florièye évoque la route de ces courageux moines cisterciens: "Du Vivarais en Provence, combien longue et épuisante la route". Le lieux choisi est encore empreint d'une austère beauté, encore rehaussée par les lumières déclinantes et froides de cette après-midi de décembre pendant laquelle les photographies de cette page ont été prises. L'abbaye surplombait un profond abîme que permettait de traverser un pont, qualifié de Romain, de belle facture et de grande hauteur. Dans le vallon étroit et pauvre de Florièye, les moines élèvent des maisons de bois avant de dresser les premiers murs de l'abbaye. Puis, la décision est prise de déménager vers Le Thoronet; les raisons en sont toujours obscures; quelques pans de murs marquent encore l'emplacement de l'ancienne abbaye, au milieu de la végétation provençale, bientôt ce sera l'oubli. Cette abbaye ne sera pas oublié des abbés du Thoronet, ils prirent l'habitude d'aller se recueillir dans la chapelle de Notre-Dame-de-Florièye lors de leur intronisation; il fallait six bonnes heures pour parcourir la distance. Des bâtiments originels, il reste le choeur de la chapelle, la nef ayant été reconstruite à une date indéterminée, et quelques pans de mur du couvent et de la bergerie, cachés, utilisés par la ferme qui c'est bâtie sur les lieux.